Passons à la pratique
Préparation du matériel :
- Le sténopé
- du papier photo RC (brillant de préférence)
- un chronomètre
- un Gros dictionnaire
C’est bien joli toute cette théorie, mais voyons ce que ca va donner sur le terrain. Je vous invite maintenant à suivre mon expérience et les petites galères que j’ai rencontrées.
Calculs, bricolage et ajustements
Comme je l’ai expliqué dans l’article précédent, je me munis de ma calculette et de mon scanner afin de vérifier que le trou de l’appareil est OK.
Pas de chance ! Le trou est trop gros. Il est donc temps de se boire une canette de soda. Puis de mettre un coup de cutter dedans (une fois qu’elle est vide) et hop je me refais un nouveau sténopé, je le remonte sur la boîte, je re-scan, je re-mesure… Voilà, enfin c’est bon. Je calcule le diaphragme et je cherche ma cellule pour calculer le temps de pose…
Pas de chance non plus, je l’ai prêtée à un ami et il va falloir le faire avec l’appareil photo. Je prends mon objectif qui ferme le plus (f = 22), je règle l’appareil sur 25 ISO (c’est le minimum. Il faudra donc que je multiplie mon temps par 4 pour que ça corresponde a une sensibilité de 6 ISO). Je me mets sur mon balcon et je regarde dans le viseur… temps de pose 15 secondes. Reste plus qu’a faire une petite multiplication pour avoir notre temps de pose : j’obtiens environ 5 minutes.
Chargement de l’appareil
Tout d’abord, on va charger l’appareil avec une feuille de papier photo. De préférence, il vaut mieux utiliser du papier RC Brillant pour une meilleure définition du négatif.
Attention : le papier photo est très sensible au bleu et très peu au rouge, du coup les ciels risquent d’être surexposés et les sujets à dominante rouge sous-exposés ou avec peu de détails. On charge donc le sténopé en lumière inactinique (pour ceux qui ont un labo, sinon dans le noir), en faisant attention à bien plaquer la feuille contre le fond de la boîte, bien en face de l’objectif et dans le bon sens. Assurez-vous que l’obturateur est bien fermé, fermez le sténopé et vous pouvez allumer la lumière normale.
La prise de vue
Mon appareil chargé je vais sur le balcon, je pose le sténopé sur une table je le cale avec un gros Larousse (ca marche aussi avec un Robert !). J’enlève le bout de scotch devant le trou et je lance le chrono. Il ne me reste plus qu’à attendre fébrilement que les 5 minutes se passent…
Je referme l’obturateur, et l’appareil sous le bras je fonce dans mon labo, j’allume la lumière rouge, j’ouvre la boîte et je jette le papier dans le révélateur.
Au bout de quelques secondes, c’est magique, la photo apparaît progressivement… elle fonce, elle fonce, elle fonce….
Argh ! c’est complètement surexposé (voir la photo ci-dessous !)
Le négatif et le positif
Je recharge donc l’appareil, je retourne sur le balcon, cette fois-ci j’expose 2 minutes 40′, je retourne au labo et c’est la bonne mesure…
Comment finit-on le boulot ?
On vient d’obtenir un négatif noir et blanc sur papier, assez musclé en contraste. En effet, le papier photo a une sensibilité spectrale assez “tordue”, il ne “voit” pas les rouges, par exemple.
Fabriquer un positif
Pour retrouver un positif, il suffit alors de tirer par contact le négatif qui a été réalisé avec l’appareil photo et une feuille de papier photo vierge émulsion contre émulsion.
Plaquez le tout sous une plaque de verre bien propre, avant l’insolation finale à l’aide de l’agrandisseur ou d’une ampoule standard. Vous retrouverez bientôt en ligne des tutoriaux sur le tirage N&B en labo.
En attendant on peut aussi tout simplement scanner le négatif et se défouler avec un logiciel de retouche photographique, en appliquant une inversion puis une symétrie horizontale.
Quelques astuces :
Une fois les premier essais effectués, vous aurez surement envie d’en faire un peu plus, de passer à l’utilisation de plans films plutôt que de papiers photo.
Une bonne solution qui permet d’une part de s’affranchir de la fastidieuse tache de charger l’appareil en lumière rouge, du développement de chaque photo etc, c’est de prendre un bouchon de boîtier d’appareil photo de faire comme on l’a fait sur la boîte de conserve un gros trou dedans et de placer notre plaque de métal avec le petit trou devant comme on l’avait fait auparavant. Il ne reste plus ensuite qu’a placer le bouchon sur le boîtier de l’appareil photo et vous obtenez un sténopé dans lequel vous pouvez charger des films noir et blanc ou couleur, de sensibilité plus ou moins important, ce qui permet de réduire de façon important le temps de pose de la photo.
Toutefois lorsque le temps de pose dépasse les deux secondes, pensez à l’effet de non-réciprocité des films et corriger votre temps de pose (voir tableau ci-dessous à titre indicatif).
Temps de pose | Compensation | Exposition corrigée |
1 s | x1.25 | 1.25 s |
5 s | x1.5 | 7.5 s |
15 s | x2 | 30 s |
45 s | x2.5 | 135 s |
2 min | x3 | 6 min |
5 min | x4 | 20 min |
10 min | x5 | 50 min |
20 min | x6 | 2 h |
40 min | x8 | 5 h20 min |
Voilà c’est la fin de cet article sur le sténopé, n’hésitez pas à laisser un commentaire si vous avez des questions ou des remarques.
Amusez-vous bien !